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Les jeunes et la restauration : les raisons du désintérêt pour ce secteur d’emploi

En 2023, le secteur de la restauration en France affichait plus de 200 000 postes non pourvus, malgré un taux de chômage élevé chez les moins de 25 ans. Certains établissements proposent désormais des semaines de quatre jours, sans pour autant attirer davantage de candidats.

Les employeurs multiplient les initiatives pour séduire une nouvelle génération, mais les candidatures continuent de baisser. Les syndicats s’alarment d’un déséquilibre inédit entre l’offre et la demande d’emplois. Ces constats interrogent les fondements du rapport entre les jeunes et ce secteur clé de l’économie.

Pourquoi la restauration attire-t-elle de moins en moins les jeunes ?

La restauration, longtemps considérée comme une voie d’ascension pour les jeunes, ne fait plus rêver. Dans les écoles hôtelières, la tendance est nette : la jeunesse boude ces métiers. Plusieurs raisons profondes expliquent ce désamour. Les conditions de travail, horaires fractionnés, rythme effréné, salaires jugés insuffisants au regard de l’investissement demandé, rebutent. La nouvelle génération, mieux formée et bien informée, recherche avant tout un équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Voici les principaux défis auxquels le secteur est confronté :

  • Pénurie de main-d’œuvre : aujourd’hui, des dizaines de milliers de postes restent vacants dans la restauration.
  • La fidélisation s’effrite, avec une rotation du personnel qui ne cesse de croître.

L’image du secteur n’arrange rien : métiers perçus comme épuisants, peu valorisés, parfois synonymes de précarité. Face à un marché du travail plus vaste, les jeunes préfèrent se tourner vers des domaines où le sens, la progression et la reconnaissance sont mis en avant. Les employeurs, conscients de l’urgence, redoublent d’efforts. Semaine de quatre jours, primes, aménagements d’horaires… Mais pour l’instant, ces mesures ne suffisent pas à inverser la tendance. Signe d’un vrai décalage, les attentes des jeunes et les offres du secteur ne se croisent plus. La réflexion sur le modèle d’emploi dans la restauration devient incontournable.

Entre idées reçues et réalités du terrain : ce que vivent vraiment les jeunes en restauration

On imagine souvent le jeune commis enchaînant les services, épuisé, sous pression constante. Mais derrière les clichés, le quotidien se révèle plus complexe. Dès l’embauche, les aspirations des jeunes se heurtent à des contraintes tenaces : horaires à rallonge, services fractionnés, pression permanente lors des pics d’activité. Les professionnels le reconnaissent : attirer la nouvelle génération exige bien plus qu’une promesse de passion ou d’ambiance conviviale.

La question du bien-être mental prend désormais une place centrale. Les jeunes salariés n’acceptent plus l’autoritarisme ou l’absence de reconnaissance. L’équilibre entre travail et vie personnelle, longtemps négligé, pèse désormais dans la balance. Lorsqu’un établissement s’investit réellement dans l’amélioration des conditions, organisation des horaires, accès à la formation, climat de confiance, l’engagement de la jeunesse suit. Mais ces changements avancent lentement.

Plusieurs tendances se dégagent nettement :

  • Le rapport au travail évolue : volonté de donner du sens à son emploi, d’accéder à de nouvelles perspectives et de rompre avec les routines figées.
  • La formation initiale reste parfois déconnectée des attentes et valeurs des nouvelles générations.
  • Les jeunes diplômés pour la restauration cherchent la mobilité, la polyvalence, et un environnement de travail sain.

Face à cette pénurie, de nouveaux profils émergent : jeunes issus d’autres horizons, personnes en reconversion, étudiants en quête d’expérience. Ces évolutions forcent les employeurs à revoir l’accueil et la valorisation des parcours jeunes, sous peine d’accentuer la fuite des talents.

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Des pistes pour réinventer le secteur et ouvrir de nouvelles perspectives de carrière

La restauration doit composer avec une jeunesse qui ne transige plus sur ses attentes : donner du sens à son travail, préserver sa santé, pouvoir évoluer. Face à la pénurie de main-d’œuvre, seule une transformation profonde permettra de regagner du terrain. Le secteur, souvent marqué par une organisation hiérarchique rigide et des rythmes usants, aurait tout intérêt à s’inspirer de pratiques venues d’ailleurs.

Première piste : retravailler les parcours professionnels. Multiplier les passerelles entre les métiers, ouvrir la voie à des évolutions rapides, offrir la possibilité de se former et de progresser. Les jeunes diplômés veulent des responsabilités, des opportunités de bouger, de grandir dans leur métier. Les groupes qui misent sur la formation continue et la mobilité interne constatent une baisse du turnover et une implication renforcée.

Autre levier : améliorer la qualité de vie au travail. La flexibilité, une gestion intelligente des plannings, une attention réelle à la santé mentale : ces attentes ne sont plus secondaires. Les jeunes attendent des signes concrets de la part de leur employeur. Certains établissements pionniers l’ont compris : semaine de quatre jours, écoute accrue, espaces de dialogue… Résultat, ils recrutent plus facilement et fidélisent mieux leurs équipes.

Pour accélérer la transformation, plusieurs axes s’imposent :

  • Formation sur-mesure et accompagnement par des tuteurs
  • Mise en avant des compétences transférables
  • Management fondé sur le respect et l’écoute

Enfin, le secteur doit renouveler son image. Montrer la richesse et la diversité des métiers de la restauration, valoriser la créativité et les réussites des jeunes professionnels, donner la priorité au collectif plutôt qu’à la hiérarchie. Les restaurateurs qui osent repenser leurs pratiques ouvrent la voie à un univers professionnel plus attrayant, capable de séduire les nouvelles générations. La restauration n’a pas dit son dernier mot : à elle de saisir cette chance de réinvention.